Une grande précision dans l'écriture, minutieuse, mordante et ample.
mardi 5 janvier 2010
La théorie des nuages de Stéphane Audeguy
Une grande précision dans l'écriture, minutieuse, mordante et ample.
samedi 7 novembre 2009
Trois femmes puissantes de Marie N'Diaye
Ces récits d'une libération dans un univers féroce et implacable, entre France et Afrique, frôlant l'étrange, sont rédigés dans une écriture très riche, recherchée sans être affectée. Ce roman a été couronné par le prix Goncourt 2009, bien mérité !
vendredi 6 novembre 2009
Des hommes de Laurent Mauvignier
Bernard est tout jeune quand il est appelé pour plus de 24 mois en Algérie. Il passe son temps dans une caserne sans rien faire d'autre que de tenter de débusquer les "fellagas" qui les narguent cruellement: intimidations de part et d'autre avec leur lot de violence et de barbarie. Il ne comprend ni l'enjeu, ni l'idéal de cette sale guerre qui fait d'eux des bourreaux, à ll'égard de victimes faibles et sans défense. Jusqu'au jour fatal, où, rentrant à la caserne après quelques jours de permission, il assiste à un spectacle terrifiant dont il se sent en partie responsable. Il rejoint alors la faction la plus dure de l'armée et rentre en France, détruit, broyé.
Un récit très dur et très juste sur l'horreur d'une guerre qui musèle les bouches et livre les hommes aux démons de l'angoisse, de l'insomnie et de l'alcool. Une écriture impulsive et sensible au rythme torturé de la violence racontée.
Le Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates de Mary Ann Shaffer et Annie Barrows
Leur correspondance révèle le passé méconnu des habitants de cette petite île au large de l'Angleterre, pendant la seconde guerre mondiale: l'île est occupée par les allemands, les enfants envoyés en Angleterre pour échapper à l'ennemi, le dévouement d'Elisabeth, figure centrale et absente du roman, lui réserve un destin funeste... Juliet se passionne pour leur histoire et décide de les rencontrer en se rendant sur l'île où elle est accueillie et fêtée par des hommes et des femmes très chaleureux.
De la gravité, beaucoup d'humour dans ce roman que l'on ne lâche pas !
vendredi 28 août 2009
L'amant de Lady Chatterley de D.H Lawrence
L'intrigue amoureuse se double d'un débat idéologique entre la défense d'une aristocratie privilégiée et ambitieuse, et la cause d'un peuple asservi et avili par le travail à la mine, qui ruine en lui toute dignité et toute beauté, défendue par Mellors et Constance.
Un roman riche, nourri de références bibliques, qui ravit les sens et l'esprit, grâce à une très belle écriture: à la fois poétique et délibérément crue par moments. Le livre coup de coeur de cet été !!!
lundi 17 août 2009
Le canapé rouge de Michèle Lesbre
Ce court récit m'a beaucoup plu. Porté par une belle écriture, les fragments de la mémoire d'Anna forment un puzzle cohérent qui parle de son désir et de son bonheur de vivre. Un livre profond et lumineux.
mardi 21 juillet 2009
D'autres vies que la mienne d' Emmanuel Carrère
Certes, on y laisse des larmes, beaucoup de larmes mais on y trouve aussi ce formidable espoir dans l'amour qui nous fait avancer.
Le livre commence par le récit de deux tragédies mises en perspective: la mort d'une fillette de quatre ans au Sri Lanka, emportée par le Tsunami et celle d'une jeune mère de trente-six ans, Juliette, touchée par un cancer. Puis l'auteur raconte l'amitié d'Etienne et de Juliette, tous deux juges d'instance à Vienne dans l'Isère, spécialisés dans les affaires de surendettement, qui se sont battus pour défendre les victimes des sociétés de crédit et qui, en la matière ont apporté leur pierre à l'édifice en bousculant les règles établies.
L'auteur recueille les témoignages des proches de la victime pour raconter "d'autres vies que la [sienne]" sans s'effacer complètement. Son récit est émaillé de réflexions personnelles, de parallèles avec sa propre vie de couple, renforcée par les drames auxquels ils sont confrontés et qui offre ainsi une résonance positive au malheur familier des autres.
Avec une sincérité touchante et une bienveillante générosité à l'égard des protagonistes, Emmanuel Carrère nous parle du cancer comme d'une maladie qu'on apprend à accepter puisqu'elle fait partie de nous et avec laquelle on se prépare à mourir. Il nous parle de l'amour comme d'une force qui sublime l'homme face à l'approche de lamort.
Empreint d'une gravité sans pathos, ce livre nous parle de la maladie, de la mort, de l'injustice qui constituent la trame ordinaire et non moins lumineuse de la vie.
Parenthèse...
Les Bienveillantes de Jonathan Littell
Les cerfs-volants de Kaboul de Khaled Hosseimi
Un Don de Toni Morrison
Raison et sentiment de Jane Austen
L'Etreinte fugitive de Daniel Mendelsohn
Mais je reprends le flambeau, grâce aux encouragements de mes amis et à l'émulation procurée par certaines lectures...
samedi 11 avril 2009
La chaussure sur le toit de Vincent Delacroix
On y croise un enfant rêveur, un chien mélancolique, des cambrioleurs loufoques, un amant vengeur, un amoureux transi, un immigrant clandestin, une vieille dame excentrique, un ermite philosophe et bien d'autres encore...
Le sixième jour d'Andrée Chedid
Dans ce récit tragique, Andrée Chedid dévoile la vie miséreuse des déshérités, les ravages de l'épidémie dont certains tirent profit,, distille la sagesse des anciens, les proverbes arabes qui nous plongent au coeur de cette Egypte contemporaine, dévêtue de ses joyaux antiques.
Comme dans Le Message que j'ai lu précédemment, l'amour transcende l'injuste cruauté de la mort pour atteindre une dimension sacrée.
Deux récits bouleversants dont la puissance poétique est propre à nous toucher profondément.
jeudi 19 février 2009
La Pension Eva d'Andrea Camilleri
On retrouve la fantaisie et l'humour chers à l'auteur, teintés d'anti-cléricalisme et d'anti-guerre, dans un récit tendre et léger, à savourer en tout simplicité.
L'enchanteresse de Florence de Salman Rushdie
Un jeune homme italien à la chevelure d'or, magicien et conteur hors-pair se rend à la cour de l'empereur moghol, Akbar, descendant de Gengis Khan, pour lui confier un secret. Doté d'un grand pouvoir de séduction, habile manipulateur, cet aventurier parcourt terre et mer, brave tous les dangers pour atteindre Sikri, en Inde, capitale du moment de l'empire moghol. Son secret, jalousement gardé, c'est une histoire, son histoire, qui prend naissance au coeur même de l'empire moghol puisqu'il affirme avec un applomb incroyable, être l'oncle d'Akbar et se poursuit à Florence, capitale du libertinage, aux mains des Medicis, chassés puis réhabilités... Il déroule son récit sur toute la durée de son séjour en Inde, au milieu d'intrigues et de complots qui animent la cour de l'empereur.
Epopée formidable et récit foisonnant qui nous emmène d'Orient en Occident, du temps des Grandes Découvertes, et mêle fiction et réalité, magie et Histoire, réflexions métaphysiques et propos scabreux. Le ton est drôle, parfois grave et revèle tout le plaisir du conteur à manipuler le lecteur avec des références historiques contredites par l'histoire fabuleuse de celui qui se fait appeler "Mogor dell'Amore" et prétend être le petit-fils de l'empereur Babur.
J'ai a-do-ré !!!
vendredi 30 janvier 2009
Valse avec Bachir d'Ari Folman et David Polonski
Cela n'enlève rien cependant à la valeur documentaire du récit ni à l'esthétique des images tirées des dessins préparatoires du film.
Bouleversante histoire de l'auteur, Folman, qui part à la recherche de son passé, enfoui sous les décombres de la guerre, celle d'Israël contre le Liban en 1982, et des massacres de Sabra et Chatila, perpétrés par les Phalangistes (milices chrétiennes libanaises) venus venger la mort de leur leader, Bachir Gemayel, tout juste élu président, sous le regard passif de Tsahal, parfaitement informée. Formidable travail sur la mémoire, plaidoyer contre la guerre, choc des images : dessins contre photos réelles, bravo !!!
Le Dieu des Petits Riens d'Arundhati Roy
L'ordre chronologique est bouleversé et donne à connaître des bribes de vie des enfants de la famille dont la vie a basculé suite à cette tragédie.
Ce roman a reçu le prestigieux Prix Booker Price en 1997.
Chroniques de l'oiseau à ressort de Haruki Murakami
Le narrateur, un homme de trente ans, marié depuis six ans à sa femme Kumiko, mène une vie paisible dans la banlieue d'une grande ville japonaise. Ayant choisi de démissionner sans raison apparente, il consacre son temps libre à s'occuper de la maison, à la logistique du quotidien, à lire et à rêver. Cette nouvelle liberté le rend disponible à la rencontre dont l'initiative revient aux femmes qui le sollicitent de manière impromptue. Il explore la ruelle sans issue qui jouxte sa maison, passe du temps avec sa jeune voisine de 17 ans, à échanger sur des sujets métaphysiques.
Et puis un soir, sa femme ne rentre pas du travail. Le lendemain et les jours suivants non plus. C'est à ce moment que le récit commence à être vraiment captivant. Le frère de sa femme, un homme qu'il a toujours détesté, parle en son nom et exige le divorce, appuyé par sa famille. Mais le narrateur ne se fie pas aux propos malveillants et plein de morgue de celui-ci et comprend petit à petit que sa femme réclame de l'aide tout en le maintenant à distance. Il cherche alors dans leur passé commun, la faille, la fêlure qui a provoqué son départ. Des gens étranges lui racontent leur histoire qu'il écoute avec attention et dans lesquelles il trouve quelques clés pour mieux se connaître. Certains récits traitent de la guerre en Mandchourie au milieu du XXième siècle, que les Japonais souhaitaient conquérir, combattus férocemment par les Soviétiques, alliés aux Mongols.
D'étrange, le roman bascule dans le fantastique avec de nombreux récits qui se croisent; ainsi que les personnages au pouvoir surnaturel, sur un rythme qui tient en haleine le lecteur, en attente de savoir si le narrateur retrouvera sa femme, dans le labyrinthe de ses rêves...
jeudi 6 novembre 2008
Devoirs de vacances
J'en profite en passant pour inviter tous ceux qui ont partagé les mêmes lectures que moi, à laisser un petit commentaire pour me donner leur avis. Cela me fera très plaisir et donnera sa pleine utilité à ce blog !
Le Roi Zozimo d'Andrea Camilleri

Ce roman cocasse, fantastique et un peu paillard, traite de l'ascension d'un paysan sicilien, sage et juste, à la gouvernance de Girgenti (l'actuelle Agrigente), rétive à toute domination extérieure. L'action se situe au XVIIIième siècle, tandis que la Sicile est sous domination espagnole. Le peuple crie famine pendant les longues périodes de sécheresse; l'église, omnipotente, est sourde à la misère..Les étrangers qui gouvernent ne s'impliquent pas dans la gestion du pays. Ils soudoient les nobles, cramponnés à leurs privilèges et écrasent le peuple.
Dans ce contexte difficile, naît un enfant aux facultés peu communes: il parle à la naissance , se nourrit de bonne viande et boit du vin au bout de quelques semaines. Il est élevé dans une famille aimante, honnête et travailleuse. Cet enfant précoce deviendra un sage respecté et adulé par les villageois exaspérés par les injustices continuelles qu'ils subissent.
Ce récit, à la fois drôle, tendre et satirique, est porté par une langue étonnante qui mêle le sicilien et l'espagnol et que le traducteur s'est attaché à reproduire en puisant dans l'ancien français et le français régional de Lyon.
Déconcertée au départ par tant de mots inconnus, je suis rapidement tombée sous le charme de cette verve rabelaisienne. Le plaisir procuré par cette langue si expressive, ajouté à la tonalité ironique et au propos cinglant les privilèges de la noblesse, l'avidité de pouvoir de l'église dans un discours social teinté d'humour et de cocasserie, a remporté ma totale adhésion. Il ne me reste plus qu'à lire la quarantaine de romans de cet auteur prolixe !
American Darling de Russel Banks
la guerre civile fait rage dans ce pays naissant, crée de toutes pièces par les Etats-Unis qui veulent se débarasser des noirs, désireux d'accéder à de plus hautes fonctions après l'abolition de l'esclavage. Les prétendants au pouvoir s'entretuent (et la population avec) avec une violence inouie, laissant le pays exsangue. Pour Hannah, la fuite est la seule issue possible.
De retour sur le sol natal, elle achètera une ferme dans les Aridonracks. C'est à ce moment de sa vie, à l'âge de 59 ans, qu'elle entreprend ce récit et que débute le roman.
Un ultime voyage au Liberia s'impose alors à elle, pour tenter de retrouver ses fils, pris dans l'engrenage de la violence et devenus enfants-soldats.
Récit palpitant, proche du documentaire parfois et dont le personnage principal, une femme , plongée dans la tourmente de la guerre, est en quête du sens à donner à sa vie.
Mon avis est partagé sur ce livre que j'ai lu avec une certaine avidité pour l'intrigue et l'aspect documentaire (tant sur les Etats-Unis que sur le Liberia) sans toutefois être totalement emballée par ce personnage déroutant, complexe mais sans chaleur.
dimanche 7 septembre 2008
Le livre de ma mère d'Albert Cohen

Ce récit est aussi l'occasion de découvrir un portrait en creux de Cohen qui arrive de Corfou et débarque à Marseille, avec ses parents, où il vit chichement mais toujours tendrement aimé par sa mère. Après son éducation chez les soeurs catholiques, puis le lycée, il partira à Genève pour ses études universitaires et gravira les échelons de la société.
Ce livre, il l'écrit pour louer les vertus de sa mère mais aussi la venger de ceux qui l'ont exclue de leur cercle, à commencer par lui même, pour se repentir de son ingratitude ou de sa négligence et alerter les fils peu attentionnés sur la bonté incommensurable des mères.
Un histoire d'amour attendrissante... A lire absolument !
samedi 30 août 2008
Dans les veines ce fleuve d'argent de Dario Franceschini

Des souvenirs d'enfance, dans le village de Cantarana, hantent Primo Bottardi, installé en ville, dont la vie va basculer, tragiquement, lorsqu'il veut retrouver un camarade de classe pour lui donner la réponse à une question posée une quarantaine d'années auparavant. Son périple est émaillé de résurgences du passé, de récits légendaires racontés par les gens qu'il croise sur sa route, pour la plupart, liés au fleuve, fascinant et dangereux...
Une très belle écriture pour ce roman teinté de réalisme magique, de puissantes descriptions du fleuve mais une fin déconcertante...
Pars vite et reviens tard de Fred Vargas

Humour et cynisme pimentent ce roman agréable à lire. Les personnages bien campés nous entraînent dans une histoire pleine de rebondissements.
Montedidio d'Erri De Luca
Un jeune garçon reçoit en cadeau de son père, un boomerang qu'il garde précieusement sur lui, s'entraînant chaque jour au lancer, sans le lâcher. Il découvre l'amour avec Marie, la fille des voisins, qui renonce à se laisser toucher par le propriétaire en guise de loyer pour consacrer son amour au jeune narrateur. Le parcours du ce dernier croise celui de Rafaniellol, le cordonnier ambulant du quartier qui répare les chaussures des pauvres gratuitement tout en espérant rejoindre un jour Jérusalem, grâce aux ailes qu'il porte dans sa bosse...
La vie à Montedidio est dure mais, transcendée par l'imagination et l'amour, elle est portée par un très beau récit.
Le boulevard périphérique d'Henry Bauchau
Prix du livre Inter 2008, ce roman n'a pas suscité l'enthousiasme attendu. J'ai trouvé un peu long et sans grand intérêt le point de vue de l'auteur, confronté conjointement au mal et à la mort.
Train de nuit pour Lisbonne de Pascal Mercier
Les premiers chapitres sont vraiment captivants puis par la suite, les détails de la vie du médecin, ses écrits, encombrent le récit qui se termine par une fin ouverte laissant en suspens le sort de Gregorius, à ma grande déception.
dimanche 22 juin 2008
Le naufrageur de Francesco De Filippo
Je savais qu'il s'agissait d'un livre dur et les premières pages l'ont vite confirmé, dur mais bouleversant, tendre aussi parfois, dans un monde saturé de violence.
Le naufrageur raconte l'histoire de Pjota, enfant de la misère albanaise, qui, au prix de cruelles épreuves devient le bras droit de Razy, chef de la mafia, trafiquant de drogue, de prostituées et d'immigrés. Mais Pjota, à la différence de ses confrères, nourrit une passion pour les livres, entassés dans une grotte, qui l'érigent au rang de "Génie d'Albanie". Son boulot consiste à couler des zodiaques bourrés de cocaïne et à faire passer des immigrés clandestins en Italie. Décidé à rompre avec cette vie qui n'a plus rien à lui offrir, il veut tenter sa chance dans le pays voisin. "Le roi d'Italie" qu'il rêve de devenir va rapidement déchanter. Après une courte période de "gloire" (toute relative) lors de laquelle il travaille pour un journal, comme garçon de course, il espère faire reconnaître ses talents et sa culture quand survient le drame. Commence alors une lente descente aux Enfers.
Dans une écriture poétique et sensible, nourrie d'images frappantes, l'auteur rend un bel hommage aux laissés pour compte: immigrés clandestins, prostituées, trafiquants en tout genre, à la fois victimes et bourreaux dans une Italie à paillettes qui fascine et assassine ces indésirables, livrés à un lent processus d'auto-destruction. Un roman que je recommande chaudement !
L'usage de la photo par Marc Marie et Annie Ernaux
vendredi 6 juin 2008
La Place d'Annie Ernaux
Ce témoignage émouvant d'une femme qui cherche à comprendre l'écart creusé par le langage, le milieu social fréquenté, le niveau de vie, entre elle et son père m'a beaucoup touchée. Dans une écriture dépouillée, sobre, loin de tout romanesque, Annie Ernaux raconte une histoire intime qui rejoint l'universel.
double-jeux de Sophie Calle
En préambule, elle explique comment Paul Auster s'est inspiré d'éléments de sa propre vie pour créer le personnage de Maria dans son roman Léviathan, et comment par la suite, elle a voulu "devenir" un personnage créé de toutes pièces par le même auteur.
Entreprise complètement folle qu'elle décline dans sept livres, qui mettent en regard textes et photos au service de rituels saugrenus !
Dans le premier, "De l'obéïssance", elle a photographié les repas qu'elle a composés en respectant un code de couleurs: orange le lundi, rouge le mardi, blanc le mercredi, etc. jusqu'au dimanche.
Dans le second, "Le rituel d'anniversaire", elle a photographié les cadeaux d'anniversaire qu'elle a reçus tous les ans en invitant le nombre d'invités qui correspondait à son âge.
Dans le troisième, "Les panoplies", elle a pris en photo les vêtements qu'elle a envoyés tous les ans à un homme qu'elle trouvait beau et qu'elle avait choisi d'habiller.
Dans le quatrième, " A suivre...", elle a décidé de suivre un homme inconnu à Venise où elle l'a pris en photo à son insu, puis s'est faite prendre elle-même en filature, à Paris, par un détective privé qu'elle avait engagé.
Dans le cinquième, " L'hôtel", elle s'est faite passer pour une femme de chambre à Venise et s'est introduite dans les chambres des hôtes, a pris en photo leur chambre, photos qu'elle a commentées.
Dans le sixième, "Le carnet d'adresses", elle a trouvé un carnet d'adresse avec le nom du propriétaire mais avant de le lui renvoyer, elle l'a photocopié et a rencontré tous ses amis pour qu'ils dressent un portrait de lui qu'elle a publié dans un quotidien.
Dans le dernier, "Gotham Handboock" c'est Paul Auster qui a envoyé des "Instructions personnelles pour Sophie Calle afin d'améliorer la vie à New York"
Une oeuvre surprenante, parfois un peu dérangeante lorsqu'elle s'introduit à leur insu dans la vie privée d'inconnus qui se prêtent plus ou moins bien au jeu, une fois découvert... Elle bouscule les conventions en transformant l'espace public ou privé en terrain de jeu laissant place à son imagination délirante. Une artiste à découvrir !
Les Années d'Annie Ernaux
Dans ce récit autobiographique d'un nouveau genre, elle abandonne le "je", trop "plein", trop "lourd" peut-être pour le pronom "elle" qui introduit une légère distance entre l'auteur et sa propre vie sans qu'elle paraisse toutefois désincarnée, et le "nous" qui englobe tous les gens de sa génération.
Sans en faire partie, j'ai pris un immense plaisir à la lecture de ce roman, plaisir augmenté par la perspective de ma future rencontre avec Annie, lors du Marathon des mots à Toulouse.
Impossible de résumer l'ensemble des événements sur une aussi longue période mais je retiendrai l'ossature du roman: les photos commentées et les repas de famille, les choix d'écriture: narration et énumérations, l'intimité partagée avec l'auteur et les bouleversements historiques: mai 68, 1981, la génération "zapping".
Grâce à l'énumération parfois incongrue d'une série de détails, d'objets, de marques qui ancrent le récit dans une certaine époque, elle donne à voir une société dans toute sa diversité. L'observation est suivie d'une analyse sociale et psychologique très intéressante qui apporte un éclairage nouveau sur une époque que je connais assez peu, bien qu'elle soit récente. D'autres événements, plus proches, ravivent les souvenirs de l'enfance.
Par ailleurs, en le feuilletant en librairie, je n'aurais pas cru me laisser absorber avec tant de force par ce récit que j'avais imaginé un peu "froid" et "distant" à la lecture de quelques lignes. Mais l'approche subjective de l'Histoire l'a rendu très attachant, jamais ennuyeux ou pesant; le temps glisse imperceptiblement marquant les consciences, et elle restitue ces Années avec une grande finesse, une écriture nouvelle et une lucidité admirable.
jeudi 22 mai 2008
Pérégrinations d'une paria de Flora Tristan
Débute alors un voyage en mer de cent trente jours à bord d'un brick ( voilier à deux mâts) qui rejoint Valparaiso en franchissant le cap Horn. Elle fait d'abord escale aux îles du Cap vert où elle découvre le négoce de la traite négrière pourtant abolie depuis 1815 mais qui se prolonge illicitement (jusqu'en 1860). Au Chili, ensuite, elle change de bateau pour atteindre la côte péruvienne à Islay, d'où elle part à dos de mulet pour Arequipa; la traversée du désert de 40 heures sous un soleil de plomb lui fait entrevoir la mort peu avant son arrivée. Elle retrouve son oncle, avare au dernier degré, qui lui refuse la part d'héritage de son père à la mort de sa grand mère au prétexte qu'elle est fille naturelle. Son dépit est profond mais elle conserve tout de même de l'amitié pour le frère de son père qui l'accueille chaleureusement. Elle raconte alors les mœurs des Aréquipéniens, en fait, des colons, car les Indiens en sont encore réduits à l'esclavage malgré l'indépendance proclamée en 1821. Puis survient la guerre entre militaires qui se déchirent pour accéder au pouvoir, son départ pour Lima et son retour en France, un an plus tard.
L'intérêt de ce récit repose sur la situation exceptionnelle de Flora Tristan à l'époque: c'est une femme certes prisonnière du lien qui l'unit à son mari, lien qu'elle doit cacher en permanence et qui la fait beaucoup souffrir, mais libre moralement et physiquement. La force d'action qui lui permet d'entreprendre ce voyage, seule, est tout à fait extraordinaire pour une femme à cette époque. Son combat pour les droits de la femme, ses prises de position contre l'esclavage, les conseils qu'elle prodigue aux hommes de pouvoir la rendent originale et résolument moderne. Par ailleurs, ma curiosité a été piquée par la description des couvents d'Arequipa, en particulier celui de Santa Catalina que j'ai visité et qui m'a beaucoup plu; Grâce à son sens aigu de l'observation, j'ai pu me représenter la vie des nonnes aux mœurs plutôt légères, dans ces lieux, déserts, que j'avais traversés, transportée par leur vaste étendue, la couleur vive des murs, le relatif confort des cellules, les cloîtres paisibles, bordés d'orangers... La partie historique m'a également bien renseignée sur l'accession à l'Indépendance du Pérou et le rapport des colons aux "indigènes".
Elle dresse un portrait sans complaisance des Aréquipiens: flegmatiques, passifs, incultes... Elle est à peine un peu moins dure avec les Liméniens mais dans l'ensemble, elle fustige l'aristocratie coloniale et son livre sera brûlé sur la place publique à Aréquipa dès sa parution...
En revanche, j'attendais un récit plus objectif, plus distancié, or elle se met en scène et s'apitoie sur son sort, s'apesantit sur ses relations familiales, ses rencontres... J'avoue que certains passages m'ont paru très longs malgré les anecdotes qui colorent ce récit. Il faut être passionné par le Pérou, à mon avis, pour entreprendre cette lecture !
jeudi 20 mars 2008
Tels des astres éteints de Léonora Miano
jeudi 6 mars 2008
Chroniques d'une société annoncée
Comme dans tout recueil, certaines nouvelles m'ont plus touchée que d'autres (celles de Faïza Guène et de Kamir Amellal, plus originales dans leur construction et leur thème, celle de Khalid El Bahji pour sa description imagée de la cité) mais l'univers étouffant de la banlieue, la répétition des mêmes problèmes, m'ont ôté l'envie de lire la totalité...
mercredi 27 février 2008
Entre elle et moi de Sénussia Benyoucef
Cette lutte constitue l'objet même du récit qui tient à la fois du pamphlet et de la confidence.
Pamphlet contre un système judiciaire qui maquille la vérité, s'enferre dans l'erreur et musèle les voix des victimes, ne leur laissant d'autre choix que celui de mener elles-mêmes l'enquête et de se battre envers et contre tous pour se faire entendre.
Confidences d'une femme extraordinaire, qui, au prix d'une lutte sans merci, livrée à "la Bête" qui la dévore de l'intérieur et déterminée à franchir les obstacles qui se dressent tout autour d'elle, nous livre un récit bouleversant dont l'écriture est à l'image de sa souffrance d'écorché-vive, à la fois ironique et cynique, mue par la colère qui gronde et la douleur qui tue.
La Porte bleue d' André Brink
J'ai beaucoup aimé ce récit étrange, qui nous plonge dans un univers kafkaïen où les personnages et les lieux se métamorphosent à l'infini provoquant chez le personnage principal, désarroi et excitation, à mi-chemin entre entre souvenirs et fantasmes.
dimanche 17 février 2008
Chagrin d'école de Daniel Pennac
La route de Cormac Mac Carthy
Anna Karénine de Tolstoï
mardi 13 novembre 2007
Une promesse de Sorj Chalandon
samedi 3 novembre 2007
Les yeux jaunes des crocodiles de Katherine Pancol
jeudi 25 octobre 2007
Quartiers lointains de Jirô Taniguchi
Dans le café de la jeunesse perdue de Patrick Modiano
dimanche 21 octobre 2007
Pilules bleues de Frédérik Peeters
Blankets - Manteau de neige de Craig Thomson
La nuit des enfants rois de Bernard Lenteric
mercredi 17 octobre 2007
Océan mer d'Alessandro Barrico

Un bel éloge au mystère insondable de la mer, à sa violence fatale comme à sa vigueur revitalisante, dans un langage poétique et un certain suspense.
vendredi 12 octobre 2007
Les hirondelles de Kaboul de Yasmina Khadra
mardi 9 octobre 2007
Contours du jour qui vient de Léonora Miano
L'élégance du hérisson de Muriel Barbery
Lignes de faille de Nancy Huston
Broderies de Marjane Satrapi
L'invention de Morel de Bioy Casares
samedi 1 septembre 2007
Fahrenheit 451 de Ray Bradbury
"Fahrenheit 451:température à laquelle le papier s'enflamme et se consume" peut-on lire dans l'épigraphe de ce très beau roman de science fiction qui m'a littéralement enflammée ! J'y ai retrouvé l'atmosphère des films de Terry Gilliams où la société évolue dans un monde complètement déshumanisé, sans chaleur, mise à part celle du feu qui dévore les livres pour empêcher l'homme de penser.
Dans Fahrenheit 451, Montag, un pompier pyromane, obéit aux ordres de son capitaine et, plus au haut dans la hiérarchie, à une organisation politique qui cherche à éradiquer toute pensée critique, toute forme de savoir, jusqu'au jour où le héros se rebelle; du vol de quelques livres au meurtre de son chef, il met en branle toute une organisation et est contraint très rapidement à fuir la métropole, traqué comme une bête sauvage par les autorités qui se servent des médias comme d'une arme impitoyable, transformant chaque habitant en justicier potentiel...
La description de cet univers hyper moderne, dans lequel l'homme vit dans le plus grand des conforts, mais passe son temps à avaler des feuilletons projetés sur les quatre murs d'une pièce, sans jamais communiquer et encore moins réfléchir sur soi, de la violence des rapports humains, de l'ivresse provoquée par la vitesse des transports, de la guerre larvée entre les grandes puissances, de la coupure de l'homme avec ses racines naturelles, rappelle étrangement les dérives de notre société. Mais la rencontre avec Clarisse (passages éminemment poétiques) sort Montag de sa torpeur et l'incite à agir jusqu'à la rencontre avec Faber, un ancien professeur qui va le guider dans sa quête de savoir, puis celle des "hommes-livres" avec lesquels il va s'unir pour reconstruire la cité anéantie par la guerre...
Attention de ne pas se brûler les yeux à la lecture !