vendredi 6 novembre 2009

Des hommes de Laurent Mauvignier

Lors d'une fête organisée par Solange pour sa retraite, dans une petite ville de province, Bernard, son frère, ivrogne sans le sou, vient troubler la soirée en offrant à sa sœur une broche luxueuse. Le scandale éclate quand il insulte un convive arabe; exclu de la fête, incompris, il se réfugie dans un troquet avant de commettre un acte odieux vis-à-vis de la famille de celui qu'il a insulté. Son cousin qui a observé la scène et la raconte , est le seul à pouvoir le comprendre (sans l'excuser) au regard du passé, jamais évoqué, qui ramène le lecteur sur l'épisode tragique de la guerre d'Algérie.
Bernard est tout jeune quand il est appelé pour plus de 24 mois en Algérie. Il passe son temps dans une caserne sans rien faire d'autre que de tenter de débusquer les "fellagas" qui les narguent cruellement: intimidations de part et d'autre avec leur lot de violence et de barbarie. Il ne comprend ni l'enjeu, ni l'idéal de cette sale guerre qui fait d'eux des bourreaux, à ll'égard de victimes faibles et sans défense. Jusqu'au jour fatal, où, rentrant à la caserne après quelques jours de permission, il assiste à un spectacle terrifiant dont il se sent en partie responsable. Il rejoint alors la faction la plus dure de l'armée et rentre en France, détruit, broyé.
Un récit très dur et très juste sur l'horreur d'une guerre qui musèle les bouches et livre les hommes aux démons de l'angoisse, de l'insomnie et de l'alcool. Une écriture impulsive et sensible au rythme torturé de la violence racontée.

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